Aller au contenu

En 2021 nous constatons une majeure emphase placée sur l’évaluation de risques et l’identification d’éléments stratégiques qui doivent être sécurisés à tout prix pour éviter l’arrêt brutal de l’activité. La délocalisation, notamment en Asie, a montré ses limites et conséquences avec la crise de la COVID-19. Or, hormis les possibilités factuelles sur la praticité d’un retour à l’hexagone, les entreprises doivent se demander quels sont les coûts d’une telle stratégie.

Voici donc quelques idées.


Le coût direct de la relocalisation

La relocalisation est avant tout une question financière. Le coût salarial est plus élevé en France, mais les frais de transport et les droits de douane sont plus bas. La réflexion sur la qualité du produit final est aussi importante. Cependant, c’est l’analyse de ces facteurs qui poussera les entreprises à envisager un retour en France. Le Plan de relance présenté par l’État compte 1 milliard d’euros destinés aux entreprises souhaitant relocaliser, mais il faut contextualiser les aides en fonction du secteur d’activité et des prévisions sur le marché dans les années à venir.

Les conséquences de la relocalisation

Les écarts entre les salaires créent une segmentation de revenus dans la société et cette segmentation est aussi reflétée dans la segmentation de la consommation. Ceci veut dire que certaines catégories de la population n’ont pas la capacité d’assumer le surcoût qu’entrainerait une production locale, plus qualitative, mais aussi plus chère. C’est une problématique que nous retrouvons dans les achats responsables et les produits bio : le public a une forte appétence pour ceux-ci mais ne peut pas payer la différence.

Un cadre légal encore à définir

La tension entre les besoins du pays et les intérêts définis par l’Europe est flagrant en ce qui concerne ce sujet. Puisque la France est un état membre de l’Union, elle est obligée de se tenir aux accords douaniers existants. Ceux-ci peuvent être contraignants dans une logique de réindustrialisation du pays, parce que les sociétés nationales ne peuvent pas imposer d’acheter du Made in France à ses partenaires.

Actuellement, les chaînes de valeur sont régulées par l’Europe, non pas par les pays membres et les clauses sur la « concurrence déloyale » vont sérieusement empêcher les politiques qui, dans un autre contexte, auraient pu booster notre développement. Il serait souhaitable de faire évoluer cette législation européenne pour permettre à chaque pays de retrouver sa souveraineté et protéger ses industries, mais pour l’instant cela ne semble pas être une question prioritaire pour Bruxelles.

Maturité des fournisseurs en France

Toute question relative à la relocalisation se heurte à la nouvelle topographie de fournisseurs existants dans la destination choisie. Le mouvement de mondialisation que nous avons entamé sérieusement à partir du début du XXIe siècle a laissé les fournisseurs français exsangues. Cette désindustrialisation, qui a fait exploser l’économie de services et le digital, nous met face au constat que, bien que les entreprises veuillent revenir en France, le manque actuel de fournisseurs soit l’un des freins majeurs à cette relocalisation.

Il est trop tôt pour juger de l’ampleur de l’impact du soutien à la relocalisation dans le Plan de relance proposé par le gouvernement. Cependant, la relocalisation n’est pas la solution magique préconisée par certains, car elle se heurte à des problèmes majeurs : manque de fournisseurs, manque d’un cadre légal pour soutenir le Made in France et une population appauvrie par la crise sanitaire, qui ne pourra pas assumer les coûts supplémentaires d’une production entièrement française.

Ce sont les obstacles les plus importants pour une France à la recherche d’une réindustrialisation du pays.