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Nous entendons parler de la réglementation WLTP (Worldwide harmonized Light vehicles Test Procedure) depuis le 1er septembre 2018. C’est toutefois en ce début d’année 2019 que cette norme a pris davantage d’importance, instaurée par l’Union européenne dans le cadre de la norme Euro 6d (limite la norme de polluants) et des observations environnementales. 

Tous les véhicules doivent à présent passer par la procédure WLTP qui remplace la NEDC (New European Driving Cycle) pour leur homologation, principalement utilisée pour les tests de véhicules électriques. Les constructeurs sont à présent dans l’obligation de réaliser une série de tests et d’afficher pour les nouveaux modèles certaines valeurs comme la consommation de carburant (ou de batterie) et les rejets de CO2. 

Nous vous expliquons en quoi consiste cette nouvelle norme, les différences avec celle déjà existante et quelles sont les conséquences pour la gestion des flottes automobiles ?


Qu’est-ce que la norme WLTP ?

 

Les différences avec l’ancienne norme NEDC

Depuis juillet 1973, NEDC était l’indicateur de référence qui comparait les différents modèles de véhicules et la motorisation. L’Union Européenne a souhaité une plus grande exactitude des résultats et a donc imposé des nouveaux tests plus proches des conditions de conduite réelles.

Les premières observations ont montré des résultats plus élevés que ceux affichés sur les anciennes brochures. La nouvelle norme WLTP représente donc plus justement la consommation réelle des véhicules en tenant compte d’éléments précis comme le type de véhicules, le poids des équipements choisis. La transition entre ces deux normes (du 01/09/2018 au 31/12/2019) se fait sous l’appellation NEDC² ou NEDC corrélée.

En effet, les résultats ne seront pas les mêmes, notamment pour la mesure des émissions de CO2 et pour la consommation de carburant pour tous les véhicules légers (<3,5t)..

Un même véhicule peut donc avoir plusieurs valeurs avec cette nouvelle norme, contrairement à un seul résultat par modèle avec la norme NEDC, selon poids et/ou sa motorisation.

Enfin, la WLTP autorise ou non l’arrivée d’un véhicule sur le marché. En plus de devoir créer de nouveaux véhicules de A à Z en tenant compte de la nouvelle procédure, les constructeurs doivent veiller à adapter les modèles déjà existants. Certaines marques comme Volkswagen ont même dû retirer certains modèles de la vente temporairement, car ils ne respectaient pas les normes de la WLTP.

La WLTP sera complétée par la réglementation RDE après 2020 (Real Driving Emissions) qui concerne les émissions de polluants (NOx et particules). Il s’agit de tests dans des conditions réelles de conduite réalisés grâce à un laboratoire mobile raccordé au pot d’échappement du véhicule.

Ces tests pourront donc :

– mesurer les émissions de CO2 (impact sur la planète),

– mesurer les émissions NOx + particules fines (impact sur la santé).

Grâce à cette réglementation RDE, le respect des seuils de polluants sera donc garanti.

 

Des tests plus complexes et plus précis pour des résultats plus fiables

Les tests effectués via la nouvelle norme WLTP, même s’ils sont plus proches des conditions de consommation réelle, sont toutefois plus complexes et plus longs à réaliser.

La nouvelle procédure prend donc en compte :

  • les différentes options possibles sur les différents modèles ayant des conséquences sur le poids du véhicule et donc sur la performance,
  • la durée de la simulation et la distance parcourue lors du test qui se rapprochent davantage de l’utilisation moderne et de la vitesse de croisière que peut adopter le conducteur,
  • le calcul de la consommation du véhicule, électrique ou non, plus précis qu’avec la NEDC. Les tests sont réalisés sur une conduite en trois environnements différents (urbain, campagne et autoroute) pendant que des appareils calculent les émissions de CO2. Il est alors possible d’obtenir la consommation du carburant au kilomètre. Pour les véhicules électriques, il suffit juste de prendre en compte le cycle des routes à vitesses variables jusqu’à épuisement de la batterie. Nous obtenons alors le niveau de consommation et l’autonomie.

 

 

Les évolutions en termes de chiffres

Étant maintenant réalisées dans des conditions quasi réelles, les mesures des émissions et la consommation de carburant vont donc évoluer.

Selon Challenge, les émissions polluantes de CO2 vont augmenter de 24 à 31 %, en fonction des véhicules. Le segment des voitures de luxe semble observer une haute moyenne de 18,3 % des émissions alors que les mini-citadines, elles, affichent une augmentation d’environ 6,6 %.

Les émissions réelles touchent également les voitures électriques. Une voiture électrique de chez Renault homologuée à 400 km avec la NEDC passe à présent à 300 km, soit une baisse de 25 %.

Cette évolution a des conséquences importantes en matière de malus écologique. Le malus écologique est une taxe imposée au conducteur s’il rejette trop de CO2 (gramme par kilomètre). En France, le niveau maximal autorisé passera à 110 g par kilomètre en 2020 (au lieu de 117 g). Le malus écologique est actuellement calculé avec les chiffres du NEDC corrélé, mais attention, ce seront les résultats obtenus par les tests de la norme anti-pollution qui seront utilisés à partir de 2020.

 

Quels impacts pour votre flotte automobile ?

 

La nouvelle norme d’homologation des véhicules WLTP a plusieurs conséquences sur la gestion des parcs automobiles.

Impact fiscal

En raison de la nouvelle norme WLTP engendrant une augmentation certaine des taux d’émissions deCO2 et du malus écologique, les gestionnaires de parc automobile vont devoir s’attendre à une augmentation de leur TCO (coût total de détention) et de la TVS (taxe sur les véhicules de société). Cela a une conséquence sur la fiscalité liée la gestion de flotte automobile.

Il est indispensable pour les gestionnaires du parc de réaliser une identification précise des options et des équipements les plus économiques et écologiques. Les écarts lors de la ré-homologation peuvent engendrer le reclassement de certains véhicules en raison du bonus-malus écologique et de la TVS.

 

Impact sur les catalogues de véhicules et la gestion de flotte automobile

L’augmentation du malus écologique par la WLTP engendre des changements d’attitude de la part des gestionnaires de flotte et des dirigeants. Beaucoup d’entre eux prennent en compte les résultats des tests pour concevoir leur catalogue véhicules car l’émission de CO2 est partie intégrante dans l’optimisation des coûts lors de son élaboration. Ils anticipent le changement en commençant l’acquisition de véhicules “propres”, notamment des véhicules hybrides.

Ces derniers se questionnent également sur les futurs renouvellements de véhicules utilitaires ou professionnels, notamment sur la nécessité d’accélérer le renouvellement de la flotte de véhicules de société pour être davantage conforme à la WLTP.

 

Quelles conséquences sur le marché global ?

 

La nouvelle norme WLTP a des conséquences importantes sur l’ensemble du marché automobile.

La modification fréquente des catalogues de véhicules

L’offre des véhicules n’étant plus pérenne, il devient difficile de mettre en place des catalogues véhicules pour une durée supérieure à trois mois. Les constructeurs ont des difficultés à proposer une offre complète et variée, notamment concernant les véhicules essence et électrifiés.

 

Une augmentation des prix des véhicules

Les nouvelles contraintes environnementales font augmenter le prix des véhicules. L’obligation des constructeurs à limiter les émissions de CO2 des automobiles vendues limite la puissance et le poids des véhicules et augmente significativement le prix des gros véhicules (SUV, monospace). Les gestionnaires de flotte risquent de se tourner vers les berlines et breaks, plus légers (et donc moins onéreux).

 

Nouveaux financements à envisager

L’arrivée de nouvelles énergies (électriques avec batterie ou à hydrogène, GNV) va obliger les entreprises à financer eux-mêmes les infrastructures de recharge de leurs véhicules.

Dès 2023, le gouvernement a pour programme ambitieux de mettre en place 100 000 points de recharge publics sur le territoire français, 100 stations hydrogène et  770 stations GNV. Cela pourrait représenter un réel avantage pour la gestion des flottes automobiles dans l’avenir.

 

 

La mise en place de la WLTP a pour objectif premier d’apporter une meilleure protection de l’environnement grâce à une batterie de tests plus précise basée sur la consommation d’énergie et les émissions réelles de polluants des véhicules. Cela permettra, dès 2020, une amélioration de la qualité de l’air, la réduction des particules fines et une dépollution certaine. 

La norme WLTP touche les gestionnaires de flotte automobile qui doivent anticiper ses conséquences afin d’éviter une trop forte augmentation du malus écologique et des coûts trop conséquents dans la gestion du parc. 

Enfin, les constructeurs doivent, eux aussi, s’adapter à cette nouvelle norme, tant pour la construction de nouveaux véhicules que pour l’adaptation des modèles existants afin de limiter les répercussions et les frais au maximum.