Aller au contenu

« Opportunité », « changement », « choix », « protocole technique », « évolution », « innovation », « engagement » ou encore « raté », voici quelques termes que nous avons pu entendre dans le cadre de la conférence « Révolution dans la distribution, 2019, l’avènement des circuits courts ».

À l’occasion de la 40ème édition du salon IFTM Top Résa, cette conférence qui réunissait Valérie Sasset, Directrice Générale BCD – Claude Lelièvre, Vice-Président AFTM – Michael Gloor, Senior Director Sales Lufthansa Group – Dimitri Tsygalnitzky, Directeur Sabre France – Bertrand Visconti, Directeur ventes agences Air France et Jamel Chandoul, Directeur commercial Amadeus, a permis de faire un point sur NDC, un sujet complexe, parfois négligé par les acheteurs.


La norme NDC, comprenons par là New Distribution Capability, vise à moderniser la distribution des produits aériens auprès des agences de voyages, des entreprises et des voyageurs. Beaucoup d’encre a coulé ces derniers mois sur un sujet épineux remettant en cause le modèle économique actuel. Un sujet brûlant qui a d’ailleurs tendance à s’amenuiser tant les effets d’annonce se sont essoufflés ; la preuve en est avec la surcharge GDS du Groupe Air France KLM qui n’est aujourd’hui payée par aucune agence (ou presque). À noter tout de même l’absence d’accord avec Sabre qui inflige en conséquence une surcharge de 22 € à ses clients.

Compagnies aériennes, fournisseurs de technologie, GDS, agents de voyages, entreprises, tous sont concernés de près ou de loin par cette transformation. Surtout, chacun doit y trouver son intérêt !

Qu’on se le dise, pour les entreprises, rien de concret aujourd’hui mis à part la surcharge qui pourrait être appliquée par certaines compagnies aériennes. Pour Claude Lelièvre, Vice-Président AFTM et Travel Manager chez TechnipFMC, la NDC est « un média qui va permettre d’échanger du contenu enrichi, une nouvelle norme qui va permettre d’accéder à ce confort« , mais les actions pratiques et visibles se font encore attendre.
Néanmoins, travel manager et acheteur commencent à réfléchir à une redéfinition ou du moins une modification de la politique voyage en intégrant notamment les produits ancillaires. Le bien-être des collaborateurs et des voyageurs étant de plus en plus important au sein des entreprises, il ne serait pas incohérent d’insérer des nouvelles guidelines permettant de définir au mieux ces extensions de services.

Les TMC, elles, sont dans l’expectative. Valérie Sasset, Directrice Générale BCD Travel, le confirme, pour elle comme pour ses homologues : « Tout est possible avec cette nouvelle norme. Le seul problème, c’est le temps de mise en place. Chez BCD, nous sommes investis à 100%« .

Les GDS, dont l’acronyme disparait progressivement au profit de plateforme de contenu, essayent ainsi de tirer leur épingle du jeu. Faisant preuve d’agilité et d’habileté, ils développent actuellement des programmes permettant à l’ensemble des acteurs de travailler ensemble.
Ils font effectivement de cette nouvelle norme leur cheval de Troie. Afin de faire passer ce cap technologique à l’industrie, chacun développe sa plateforme de voyage compatible avec la norme NDC. Que ce soit Amadeus avec son programme « NDC-X » ou bien Sabre avec « Beyond NDC », la chasse aux partenariats et collaboration est ouverte.

Concernant NDC-X, une première version de la plateforme avec du contenu NDC à disposition des entreprises est prévue pour 2019. « Garantir une productivité, une transparence, fournir ce contenu via tous les canaux« , tels sont les objectifs annoncés par Jamel Chandoul, Directeur commercial Amadeus, qui anticipe ainsi les premières réservations en 2019.
Cette philosophie d’approche collaborative est, elle aussi, partagée par Sabre qui, dans le cadre de son programme « Beyond NDC », compte largement investir dans l’API afin de renforcer ses fonctionnalités et surtout ne rien laisser transparaître aux yeux des TMC et voyageurs. A terme, les contenus edifact, xlm ou ndc vont devoir cohabiter ensemble et cela ne doit pas être perceptible par les utilisateurs. Dimitri Tsygalnitzky – Directeur Sabre France, prévoit de son côté un premier pilote du programme « Beyond NDC » avec American Airlines d’ici la fin de l’année.

Les compagnies aériennes, même si elles ont tendance à cacher un peu leur jeu, lancent des initiatives à l’instar de Lufthansa et sa toute nouvelle plateforme NDC Partner Program disponible en France à partir du 1er octobre. Une plateforme où il est possible de bénéficier de tarifs et de contenus exclusifs des compagnies aériennes du groupe et où l’objectif affiché est clairement de reprendre la main sur une distribution en directe.

Vous pouvez le constater, l’industrie s’active de plus en plus pour faire face à cette (r)évolution.
Néanmoins, restons calme ! En effet, IATA a revu ses prétentions à la baisse en termes de déploiement. L’appropriation de la norme est prévue entre 2018 et 2020 avec environ seulement 20% des ventes de produits aériens d’ici 2020. L’organisation envisage d’atteindre 50% sur la période 2020 – 2025 puis 100% dans les 7 ans.
D’ici là, nous avons le temps de trouver des solutions et pouvons bien imaginer que NDC tombe dans les mains des GAFA.

Ah oui, j’oubliais ! Avec cette nouvelle initiative, les compagnies aériennes vont économiser des centaines de millions d’euros. C’est autant de perte à venir pour les GDS et les agents de voyages. Alors, soit ces acteurs vont savoir repenser leur process, soit ce sera aux clients, et donc aux entreprises, de payer la facture.

Christophe Drezet
Directeur de la BU Achats voyages et déplacements