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Une prise de conscience individuelle et collective

 


Face à l’urgence climatique et écologique, la loi Energie-climat vise à répondre aux priorités françaises, en y inscrivant l’objectif de neutralité carbone en 2050, et une limitation d’une hausse de température à +1.5C en 2030.

Il y a une vraie prise de conscience individuelle et collective ; dont une des conséquences directes est la déconsommation et la recherche de produits de « seconde main » : consommer moins, mais mieux, réutiliser par souci écologique et éthique.

Un marché de la seconde main qui se structure

 

La grande distribution a su (dès 2019 avec Leclerc, 2020 avec Auchan et Carrefour) s’adapter à ces nouvelles consommations, en proposant des points de vente où les clients peuvent faire estimer, revendre ou acheter leurs jeux vidéo, bijoux, objets informatiques, livres ou encore CD ou DVD. Cette tendance n’épargne pas non plus le secteur du textile et du luxe, qui doit faire face à un raz de marée de plateformes en ligne, (Vinted, Vestiaire Collective) représentant un vivier de nouveaux clients pour les marques.

Cette tendance est aussi constatée dans les achats professionnels, avec l’émergence de nouveaux marchés et de nouveaux fournisseurs. On parle alors de réemploi : « toute opération par laquelle des substances, matières ou produits qui ne sont pas des déchets sont utilisés de nouveau pour un usage identique à celui pour lequel ils avaient été conçus » ; et de réutilisation : « toute opération par laquelle des substances, matières ou produits qui sont devenus des déchets sont utilisés de nouveau. »

Par exemple, dans le marché du mobilier de bureaux, des fournisseurs (comme Simon Bureau, tricycle office) proposent des bureaux d’occasion, réalisés en matériaux durables et hauts de gamme, rigoureusement sélectionnés et contrôlés. D’autres prestataires, comme Atelier extra muros ou Furniture for good, vont même jusqu’à créer du mobilier sur-mesure, à partir de matériau récupéré et valorisé, de déchets recyclés. Ces initiatives permettent, en plus de faire des économies, de limiter les sources de pollution de l’air : plus un meuble est récent, plus il émet de COV (composés organiques volatils), (nos intérieurs et bureaux seraient 10 fois plus pollués qu’une autoroute !), tout en réduisant les émissions de GES qui se dégagent tout au long du cycle de vie d’un meuble, ainsi que la production des déchets.

L’essor du matériel informatique reconditionné

 

Dans le secteur informatique, la seconde main peut se traduire par la location d’appareils déjà utilisés ou par l’achat d’appareils reconditionnés. Cette solution présente de nombreux avantages pour les acheteurs responsables : outre un coût d’achat moins élevé (jusqu’à 60% par rapport à du neuf selon le reconditionner de smartphones « YesYes »), elle permet d’économiser jusqu’à 70% d’eq CO² par rapport à l’achat d’un appareil neuf (source : greentrader). En amont du cycle de vie, cela entraîne une baisse de consommation de minerai rare (dont l’exploitation comporte de nombreux risques sociaux et environnementaux) ; côté impact social, cette démarche peut contribuer à favoriser l’emploi local (si le reconditionneur est situé en France), et développer les achats solidaires (s’il emploie des personnes en réinsertion ou en situation de handicap par exemple, ou si le fournisseur fait partie d’une entreprise de l’ESS, Economie Sociale et Solidaire). D’autant plus qu’il faut faire oublier les croyances : le reconditionné n’entraîne pas plus de pannes que le neuf ! (Retour d’expérience de l’entreprise SIDAS après trois ans d’utilisation d’ordis reconditionnés : www. Greenit.fr)

L’offre de fournisseurs seconde main IT est en plein boom et les acteurs se multiplie dont GreenTraders, marketplace de produits informatiques reconditionnés pour les entreprises, labellisé Greentech verte, (un label public valorisant les startups innovantes qui agissent en faveur de la transition écologique) ; YesYes : reconditionneur Français qui propose la vente de smartphones de seconde main ; ou Commown : Société Coopérative d’Intérêt Collectif (SCIC) reconnue comme étant une entreprise de l’ESS qui propose la location longue durée d’appareils informatiques. L’entreprise est labellisée fin 2018 “e-Engagé RSE” (label RSE de l’Afnor).

Du consommateur au consomm’acteur

 

Dans les grandes entreprises, cette activité de seconde main peut trouver une formidable vitrine au sein de la Conciergerie d’entreprise, avec par exemple l’organisation de journées spécifiques pour que les salariés puissent revendre ou échanger les produits dont ils souhaitent se séparer, ou pourquoi pas la mise en place d’une « marketplace » digitale interne permanente. En plus de créer du lien social inter-entreprises, une telle démarche entraîne des gains économiques pour les salariés, tout en favorisant l’économie circulaire.

Nous le voyons avec ces quelques exemples, le consommateur, véritable consomm’acteur, commence à modifier en profondeur ses habitudes pour une consommation plus responsable. Cela peut passer par du réemploi ou de la réutilisation, entraînant un allongement de la durée d’usage, mais aussi par le développement de l’achat en commun ou de la consommation collaborative.

L’acheteur responsable doit prendre en compte ces modifications de pratiques de consommation, en essayant de minimiser les impacts négatifs environnementaux, sociaux et économiques, pour engager son entreprise dans une politique d’économie circulaire et rendre ses actes d’achats les plus vertueux possibles pour la planète.

Article rédigé par : Delphine Gilet – Responsable Achat RSE