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Dans de multiples industries et tout particulièrement dans celle du voyage, nombre de sociétés surfent sur la digitalisation des services, les nouvelles technologies ou l’intelligence artificielle. Toutes essayent de tirer leur épingle du jeu ! Parmi celles-ci, il y en a une qui a fait beaucoup parler d’elle cette année. Il s’agit du géant de Moutain View : Google.


Malgré une présence incontestable dans le voyage loisirs, l’activité de Google dans le voyage d’affaires reste encore assez marginale, mais les fondations que le Groupe américain construit patiemment pourraient bien faire de lui le prochain acteur majeur. 2019 marque d’ailleurs une année charnière pour Google dans l’univers du voyage d’affaires. Une année où elle a multiplié les annonces, bien décidée à franchir un nouveau cap. Petite rétrospective des dernières avancées Google dans cet univers du voyage d’affaires…

 

Google, prochain géant du business travel ?

 

Book on Google est une plateforme de réservation d’hôtels disponible depuis peu en Europe. L’application permet aux utilisateurs disposant d’un compte Google de réserver directement leurs nuits d’hôtels sur l’interface sans être redirigé sur le site de l’établissement ou sur une OTA (agence de voyage en ligne). Le client reste sur l’environnement Google, et ce, jusqu’au paiement.

Il est effectivement possible de réserver directement avec Google Pay, un système de portefeuille électronique (wallet) qui autorise les règlements des achats en toute simplicité sur de nombreux sites Web. Il est disponible en France depuis le début de l’année.

Pour les hôteliers, c’est l’occasion de reprendre la main sur leur distribution. Bien que la réservation se fasse dans l’environnement Google, ce dernier ne facture aucune commission, et surtout l’établissement reste propriétaire des informations de réservation, une différence de taille avec les actuels OTA.

 

Un hub dédié aux déplacements

 

Autre nouveauté annoncée en mai dernier : son hub dédié au Travel au nom facile à retenir « Voyages ». Disponible sur les ordinateurs (une version similaire existait déjà sur mobile), son but est clair : réunir sous une même plateforme les différentes briques liées au voyage et créer une seule porte d’entrée pour offrir une expérience unique aux voyageurs. Outre sa plateforme hôtelière et son application Google Flight qu’on ne présente plus, l’onglet « explorer » propose des activités en fonction des destinations sélectionnées et qui n’est pas sans rappeler le bleisure plébiscité par un nombre croissant de voyageurs d’affaires.

Une caractéristique de l’outil, n’en déplaise à ces actuels ou futurs concurrents (agences de voyages ?), est, qu’en étant connecté à son compte Google, une recherche peut être reprise là où le voyageur l’a laissée.

Cette évolution illustre la manœuvre opérée par Google qui franchit un cap. Les temps de recherche sont raccourcis, les informations pertinentes et le nombre de sites parcourus réduisent pour finalement se concentrer sur une plateforme unique de réservation.

Là où Google va encore plus loin, et c’est notamment la situation monopolistique de son moteur de recherche qui le lui permet, c’est dans l’exploitation des données. Une montagne de données dont les entreprises du voyage ne peuvent pas disposer. Combiné à l’arme secrète convoitée de tous, le machine learning, Google s’est attaqué et continue de s’atteler au développement d’une multitude d’applications et solutions à disposition des voyageurs. Grâce à l’intelligence artificielle et en utilisant les données historiques sur l’état des vols combinés, Google est capable de prédire les retards d’avions avant même que ces derniers soient confirmés par les compagnies aériennes. Le voyageur peut alors de façon proactive être alerté via une annonce sur son mobile d’un potentiel retard ! On peut également citer son service de traduction instantanée et prédictive qui a fait l’objet cette année d’une profonde mise à jour, permettant ainsi de traduire plus de 88 langues via l’appareil photo d’un smartphone. Pour les voyageurs d’affaires, Google Translate peut s’avérer être un formidable outil.

Son service de cartographie en ligne, Google maps, a d’ailleurs lui aussi tout récemment évolué en devenant une plateforme multimodale. L’application va proposer différents moyens de transport sur un seul et même itinéraire (association de transport en commun avec des options de vélo et de covoiturage). Le but étant de parcourir facilement le premier ou dernier kilomètre d’un déplacement.

Ce qui est sûr, c’est qu’avec une telle diversification, allant du stockage de données au système de paiement, Google est en réalité capable de maîtriser l’ensemble du parcours voyageur. Sa force de frappe considérable alliant moyens financiers et moyens humains pourrait bien permettre au Groupe américain de ringardiser l’industrie en se positionnant dans les années à venir en maître de la mobilité.

Dans un contexte d’atomisation de l’offre qui privilégie les hubs de connectivité et autres marketplaces, Google a une vraie longueur d’avance sur les acteurs classiques que nous connaissons aujourd’hui. Il reste à convaincre les entreprises et les Travel Managers que les prérequis d’une relation B2B (notamment la sécurité des données et des personnes) sont dorénavant les éléments essentiels à prendre en compte pour pouvoir accéder au bénéfice des nouvelles plateformes que Google déploie.

Christophe Drezet
Associé EPSA – Directeur de la BU Voyages et Déplacements